Delphine Blast es una fotógrafa francesa radicada en La Paz, Bolivia, que en 2016 trabajó retratando a diferentes integrantes de la comunidad LGTB en su cotidianidad. Poco tiempo después, el 21 de mayo de ese mismo año, el gobierno de Evo Morales promulgo la Ley de Género, que permite el cambio de nombre, dato de sexo e imagen de las personas en toda documentación pública. En una charla con La tinta, la fotógrafa cuenta como fue el desarrollo de su trabajo Generos_os, como percibió la situación de la comunidad trans y de su deslumbramiento por Latinoamérica.
“Estoy en París, así que creo que será en la tarde para mí y el mediodía para ti”, dice Delphine cuando acuerda la fecha y la hora de la entrevista, lo que deja ver que si bien esta allá también tiene muy presente Latinoamérica. Luego, en la charla, lo confirma cuando dice que se siente mucho más “en casa” en La Paz que en París.
Desde chica ella quería viajar y conocer nuevos lugares y personas, desde ese tiempo ya le gustaba la fotografía. Decidió estudiar relaciones internacionales para poder viajar y así fue. Hace diez años llegó a Bolivia para trabajar en una ONG de ese país y su deslumbramiento fue inmediato, con la cultura y los colores del lugar y del continente. Siempre acompañada de su cámara de fotos.
“Me enamore de ese país, de la cultura de Latinoamérica, son varias cosas las que me atrajeron: la relación que se tiene con el tiempo, con la naturaleza. Cuando trabajaba en la ONG boliviana, me compre una cámara y le sacaba fotos a la gente en la calle, en los mercados, etc. Ahí fue mi primer shock cultural, veía todas las diferencias, todo esos colores, quería compartir eso, pero también quería encontrarme con esas personas y conocer más allá de lo que veía”, afirma Delphine.
Luego de vivir esa experiencia, volvió a Francia decidida a hacer aquello que siempre había querido y sobre lo que muchos de sus profesores de la escuela la habían desalentado. Quería estudiar fotoperiodismo. A partir de entonces comenzó un recorrido que la ha llevado a registrar distintas temáticas en su país, América latina y África.
Jennifer pose dans une chambre d’une maison particulière à La Paz, Bolivie, mars 2016. Jennifer se transforme régulièrement en femme, et ce depuis l’âge de 6 ans. « Je portais en cachette les vêtements de ma mère lorsqu’elle partait de la maison.» Jennifer a du mal à définir son identité : « Je ne suis pas transsexuelle, je ne suis pas gay, j’aime les femmes, mais me transformer est pour moi un moyen d’exprimer une partie de moi. Je me sens bien en femme. »
Habitant toujours chez ses parents et travaillant avec eux dans l’entreprise familiale de fabrication de bijoux, Jennifer n’est jamais sortie de la maison « transformée ». Elle a trop peur, peur d’être reconnue par des voisins, des amis, des membres de sa famille. Sa chambre est son jardin secret où elle peut s’échapper virtuellement grâce à son ordinateur et notamment Facebook. « Cela me permet d’exprimer mon deuxième « moi » mais aussi de connaître d’autres personnes qui me ressemblent. »
Dans l’armoire de sa chambre, au fond d’une étagère, Jennifer cache un sac de sport dans lequel elle a quelques robes, une paire de chaussures à talons, du maquillage et une perruque. Deux à trois fois par mois, elle ouvre ce sac et se transforme, mais sans jamais sortir. Il lui arrive parfois de voir une amie « comme elle » et de se transformer chez elle. « Cela me suffit pour le moment même si j’aimerais parfois sortir dans la rue. Mais je ne pense pas que cela se réalise un jour, encore moins dans un pays comme celui-ci ».
Identidades
La fotógrafa cuenta que cuando arrancó con este trabajo no sabía que existía el proyecto de la ley de género. Se enteró muchos meses después, cuando fue promulgada. Sobre esta serie Delphine dice “es un trabajo sobre la comunidad LGTB pero también habla sobre género, los cuerpos y la identidad sexual. Tuve la suerte de encontrar a varias personas que me compartieron de su tiempo, que me explicaron su situación. Mi intención era trabajar con mujeres trans en diferentes situaciones para no caer en clichés. Por ejemplo, encontré a Tamara que en ese momento trabajaba en una oficina de la defensoría del pueblo, ahora tiene su propia empresa de comida. Su caso es muy interesante porque era la primera mujer transexual que trabajaba en el gobierno”.
Tamara sur les hauteurs de La Paz, Bolivie, mars 2016. Tamara a mis du temps à avouer qu’elle était différente. A avouer aux autres mais surtout à elle-même. Issue d’une famille bourgeoise, elle a reçu une éducation très stricte. Mariée deux fois, Tamara (Antonio à l’époque) a eu trois enfants de ces deux unions. Mais un jour, elle décide de faire le bilan : « J’avais 33 ans et je me suis demandée ce qui manquait à ma vie. J’avais un métier intéressant, une maison, une voiture, une famille, mais je n’étais heureuse. Puis un soir, j’ai regardé un film qui racontait l’histoire d’un homme qui, comme moi, avait fondé une famille mais avait fait son coming out. Je me suis alors dit que si lui pouvait le faire, alors moi aussi ». Mais cela ne s’est pas fait sans mal.
Aujourd’hui, elle se dit heureuse et passe beaucoup de temps avec sa fille de 12 ans, restée avec elle et qui l’appelle « Mapi ». Après avoir subir pendant plus de trois ans des opérations chirurgicales pour se transformer physiquement, elle poursuit progressivement son changement.
Porte parole active des LGBT en Bolivie, elle est très engagée et souhaite que le regard de la société bolivienne change. Elle a mis en place un programme d’éducation de la communauté à travers notamment un programme radio. Tamara est aujourd’hui la première fonctionnaire publique transsexuelle de Bolivie.
Gyna dans les rues d’El Alto, Bolivie, mars 2016. Les parents de Gyna, très traditionnels, se sont rapidement rendus compte que leur fils était très efféminé mais ne l’ont jamais accepté. « A 13 ans, je m’habillais en fille en cachette et je sortais dans la rue. Les gens me regardaient d’un drôle d’air mais je m’en fichais. »
Un jour, à 18 ans, alors qu’elle avait passé la soirée dans une discothèque spécialisée, elle rentre au petit matin chez sa mère, encore en tenue de travestie et bien alcoolisée. « Ma famille m’a alors découvert en femme. Tour le monde pleurait, c’était un drame. »
Elle décide alors de ne plus se cacher. Exclue de plusieurs lycées à cause de son homosexualité, elle décide finalement d’interrompre ses études pour se prostituer. « J’ai rencontré des transsexuelles qui m’ont prise sous leur aile et m’ont aidée. » Avec l’argent de ses passes, Gyna finance ses opérations de transformation et se fait opérer de la poitrine, des fessiers puis du nez. « Mais l’argent me servait aussi à me faire accepter dans ma famille. J’ai pu faire des cadeaux à mes frères et sœurs et aider ma mère à payer le loyer. »
Aujourd’hui, Gyna vit toujours chez sa mère et veut arrêter la prostitution. « J’attends d’avoir assez d’économies pour finir la maison que je suis en train de construire et louer des chambres à l’année. Je veux reprendre mes études. »
Tamara, la primera mujer transexual que trabajaba en el gobierno
Además agrega que su intención era trabajar con aquellas que todavía no reconocieron públicamente su identidad y que no tienen la oportunidad de expresarse. Cuenta que con una de sus retratadas se encontró en un café y luego fue a su casa para fotografiarla. Una vez adentro, se cambió la ropa, porque tenía miedo de que la reconocieran en la calle. Esos son dos casos, dice la fotógrafa, que pueden dar una idea del espectro de la comunidad LGTB en Bolivia.
“Es un trabajo documental, aunque en los retratos elijo el lugar, le indico a la persona como ponerse para tener mejor luz, etc. Mi intención es mostrar como ellas viven en su cotidianidad, aunque haya algunas que todavía no salieron del closet, quiero retratar como se siente en su mundo. Algunas son personas públicas, como Tamara y Luna, que es la primera transexual que se casó en Bolivia, ellas dos son referentes. Por ejemplo cuando se aprobó la ley a ellas las invitaban de la televisión para hablar del tema. Pero también quería darle la voz a otras que eran mucho más tímidas”, describe la fotógrafa.
Luna pose dans la rue devant chez elle, El Alto, Bolivie, mars 2016. Luna est une figure publique de la communauté LGBT en Bolivie. Dans la ville d’El Alto, au Nord de la Paz où elle habite, tout le monde la connaît. Contrairement à beaucoup de transsexuelles, elle assume pleinement sa différence. Elle le doit en grande partie au soutient de sa famille qui, loin de la juger, l’aide beaucoup. « Lorsqu’ à mes 16 ans, j’ai dit à mes parents et que j’étais gay, ils n’ont pas été surpris. Ils ont même plutôt bien réagit », explique t-elle.
Luna, née Rudy, a toujours su qu’elle était gay et n’a jamais cherché à dissimuler son comportement efféminé, malgré les nombreuses discriminations qu’elle a subies : « A plusieurs reprises, j’ai subi des insultes et on m’a même refusé l’entrée en discothèque parce que j’étais transsexuelle ». A El Alto, où elle travaille en tant que secrétaire dans une école privée, les habitants ne sont pas tendres : « C’est une ville très difficile pour la communauté car la majorité des habitants vient de la campagne où les mentalités sont très fermées et traditionnelles. » Luna est l’une des premières transsexuelles bolivienne à avoir bénéficié de la loi N°807 d’identité de genre votée en mai 2016 et à obtenir une carte d’identité nationale avec son nouveau nom.
La carte d’identité de Luna avant son changement de genre en 2016, El Alto, Bolivie, 15 avril 2016
Luna, es la primera transexual en casarse en Bolivia
Es un proceso de cambio que se está iniciando en Bolivia. Delphine afirma que es positiva la promulgación de la ley pero que aún en la sociedad tienen que derribarse algunos prejuiciosos. “Aun falta un proceso social más profundo en Bolivia porque es un tema tabú, algunas chicas transexuales tienen muchos problemas en la Paz o en Cochabamba. Por ejemplo, cuando caminaba por calles con algunas ellas, todo el mundo las miraba, la gente todavía no está lista para integrar algunos cambios”, afirma.
Generos_os fue presentado en la Cinemateca Boliviana de La Paz, donde estuvo presente Luna. Cada vez que Delphine nombra alguna de las protagonistas de su trabajo, puede detectarse en su tono cercanía, complicidad, que también puede leerse en las fotografías. Las imágenes no son producto de una mirada intrusa sino de alguien que se ha involucrado con una historia para representarla con un lenguaje sincero. Hoy Delphine está cumpliendo aquel deseo de sus inicios fotográficos de encontrarse con personas y conocer más allá de lo que veía.
Candy dans les rues de La Paz, Bolivie, mars 2016. Candy est transsexuelle depuis qu’elle a 17 ans. Elle se prostitue depuis trois ans pour gagner sa vie et se payer ses opérations de transformation. Je l’ai rencontrée dans les rues de La Paz, un dimanche après-midi, il y a quelques mois, en mars 2016, alors que je réalisais un travail sur la communauté LGBT du pays. Lorsque nous marchions toutes les deux dans la rue, nous ne passions pas inaperçues, surtout Candy avec ses tenues flashy. Le 21 mai 2016, la Bolivie a promulgué la loi sur l’identité de genre qui permet désormais aux Transsexuels de changer de nom et de sexe sur leurs documents officiels. Si l’adoption de cette loi marque un grand pas dans la lutte pour l’égalité des droits en Bolivie et est une première victoire, la communauté LGBT doit toujours faire face à une réalité difficile et reste victime d’une discrimination régulière.
Roberto, 26 ans, transsexuel, termine de se «transformer», dans l’appartement qu’il partage avec son petit ami, dans la Ville d’El Alto, au nord de la Paz, le 10 avril 2016. Roberto, est né homme mais s’est toujours senti femme. Il se transforme en «femme» que lors d’évènements spéciaux ou en soirée. Il est couturier et confectionne des habits traditionnels boliviens dans l’entreprise qu’il a créé avec sa soeur. Le 21 mai 2016, la Bolivie a promulgué la loi sur l’identité de genre, permettant désormais aux Transsexuels boliviens de changer de nom et de sexe sur leurs documents officiels. Si l’adoption de cette loi marque un grand pas dans la lutte pour l’égalité des droits en Bolivie et est une première victoire, la communauté Trans doit toujours faire face à une triste réalité et est pour la majeur partie, victime d’une importante discrimination.
Roberta Benzi montre une photographie d’elle plus jeune, quelques années après ses premières opérations, La PAz, Bolivie, mars 2016
Roberta Benzi, première femme transsexuelle de Bolivie, pose chez elle, dans son appartement à La Paz.
Depuis l’âge de 7 ans, Roberto – à l’époque – a toujours su qu’il était femme à l’intérieur : « Lorsque je prenais mon bain avec ma sœur, je pensais que mon pénis allait tomber. J’empruntais régulièrement les robes et les chaussures de sa mère pour se déguiser en fille. Pour moi, c’était cela la normalité ». Sa chance, comme elle l’explique avec une grande lucidité, est qu’elle a été beaucoup soutenue par sa mère dans son combat. Celle-ci, élue miss Bolivia en 1956, avait une place importante dans la haute société bolivienne et prenait régulièrement la défense de sa fille.
« Souvent, lorsque nous nous rendions avec ma mère dans des parcs ou autres lieux publics, les personnes partaient en nous voyant », explique t-elle. Désireuse malgré tout d’assumer sa différence, Roberta refusait de se cacher et elle a été renvoyée de nombreux établissements scolaires. A ses 21 ans, elle se rend au Brésil pour se faire changer de sexe. Une opération onéreuse qui coutât à l’époque plus de 50 000$ US, financée grâce aux revenus de ses parents.
Lorsqu’elle décrit les différentes étapes de sa vie, Roberta explique : « Je suis né petit garçon, à l’adolescence je suis devenu homosexuel, ensuite j’ai été travestie, puis transsexuelle pour être aujourd’hui en femme. »
Roberta Benzi a été élue Miss Bolivia Gay, en 1983. Devenue le symbole de la lutte des droits des femmes en Bolivie, Roberta Benzi est une figure publique reconnue et très sollicitée. Un jour national lui est même dédié: le 17 octobre, jour national de Roberta Benzi des femmes boliviennes. Se consacrant à diverses activités, notamment la création de bijoux, elle vit aujourd’hui entre Lima et La Paz et se dit très heureuse : « Après toutes ces années, je suis enfin devenue ce que je voulais être. »